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herminerollo

Pourquoi les enfants aiment-ils autant Halloween (et qu'il faut les laisser faire)?

Il faut bien l'avouer, célébrer Halloween en France aujourd'hui ne relève pas d'une tradition aussi ancrée que nos fêtes comme Noël ou Pâques. Contrairement à de nombreux pays anglo-saxons, on la considère davantage comme une fête commerciale que comme la veille de la Toussaint, et encore moins le rite celtique originel de Samain dédié au passage de la saison claire (été) à la saison sombre (hiver) et par la même occasion, à la nouvelle année. Pourtant, depuis les années 1990, Halloween s'inscrit dans le paysage des événements annuels qui plaisent aux enfants. Et ce n'est pas sans raison ni bénéfices…

Un vrai moment de partage ritualisé

Préparer une fête, quelle qu'elle soit, nécessite une forme de préparation rituelle : une date butoir, des préparatifs plus ou moins longs, une implication anticipée. Cela rappelle la notion du temps qui passe, des événements qui marquent une année dans sa chronologie. C'est particulièrement rassurant pour un enfant de se sentir porté par une structure temporelle immuable, surtout lorsqu'il se sent soutenu dans cette aventure par son ou ses parents.


De plus, ces préparatifs invitent à réfléchir ensemble à une certaine organisation : on invite des copains ? on décore la maison ou le jardin ? on cuisine des biscuits ? on fabrique un déguisement ? on invente un jeu qui fait peur ? S'ensuivent alors tout ce qui fait que les préparatifs sont une fête à eux seuls : bricolage en tout genre, décoration de papier et de carton recyclés, coloriage, modelage, cuisine,… tout est possible dans le partage !


Être quelqu'un d'autre tout en étant soi-même

Tout est dans la magie du déguisement et du maquillage ! Se grimer permet avant tout de jouer, d'imaginer un rôle, un scénario. Cela développe la créativité et la confiance en soi. Cela permet aussi d'exprimer une autre facette de sa personnalité, de dévoiler une partie plus fantaisiste voire transgressive de son être.


Et chaque activité devient ensuite un prétexte à différents apprentissages : on modifie son apparence et on enrichit son langage en apprenant le nom de différents costumes. On crée un chapeau en carton et on exerce sa motricité fine. On cuisine un plat et on apprend les saveurs brutes des aliments qui le composent, on nomme les odeurs et on comprend le processus de réalisation d'une recette…


C'est donc un moment qui permet un partage festif et pédagogique, qui invite à bouger les lignes, à assouplir le cadre et à apprendre sur soi.


Avoir peur et faire peur, mais "pour de faux"

Car pour l'enfant, jouer à avoir peur est une manière de se confronter à ses émotions, un peu comme un entrainement qui permettrait une meilleure gestion de ses réactions futures face à celles-ci. La peur, notamment. Or, le sentiment de peur est particulièrement accessible et facilement intense chez les tout petits. Appréhender cette émotion est donc primordiale pour lui : en jouant à faire peur à l'autre, il joue avec ses propres émotions, avec sa propre peur et la rend moins inquiétante, moins terrifiante, plus accessible et donc plus maitrisable.


De plus, jouer à faire peur aux adultes inverse les rôles et donne à l'enfant une force particulière. Cela booste sa confiance en lui et en ses capacités à évoluer, mais aussi à reconnaitre ses limites et davantage apprécier son statut de "petit". Grandir quelques heures pour mieux redevenir enfant…


Au bout du compte, à l'inverse d'une fête incitant à la consommation, Halloween peut seulement devenir un prétexte au jeu, à la création, à l'assouplissement des règles et à un moment où le temps partagé invite à une implication émotionnelle qui laisse le souvenir incorporé du bonheur d'être ensemble.

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